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Racisme et xénophobie

Définitions

QU’est-ce que le racisme?

Le racisme c’est une idéologie selon laquelle certains êtres humains seraient supérieurs ou inférieurs aux autres. Le racisme catégorise les êtres humains en « races ». C’est un ensemble d’idées et de comportements, conscient ou non, qui traitent des gens injustement à cause de leurs différences. Le racisme se manifeste par le dénigrement d’une personne ou d’un groupe de personnes en raison de leur origine géographique, de leur couleur de peau, de leur culture, de leur langue ou de leur religion.

Qu’est-ce que le racisme systémique?

« Le racisme systémique renvoie au fonctionnement de nos sociétés. Quand des discriminations sont reproduites par la façon dont notre société est organisée, on parle de racisme systémique. Autrement dit, le racisme systémique c’est quand des gens reçoivent des traitements différents à cause de leur origine géographique, des traits physiques comme la couleur de leur peau, de leur religion, de leur culture ou encore de leur langue. Le racisme systémique c’est par exemple quand il est plus difficile pour ces personnes racisées d’avoir accès aux ressources et au pouvoir, et ce, dans tous les domaines de la société : emploi, santé, éducation, justice et sécurité. » -Source : MÉPACQ

Qu’est-ce que la xénophobie?

« Xéno » (étranger) et « phobie » (la peur). Une personne xénophobe a peur qu’une personne dont les origines sont différentes de la sienne fasse disparaître sa culture. Cette peur mène souvent à des comportements racistes. Elle amène les personnes xénophobes à désigner l’étranger comme un problème ou une menace pour la société et à vouloir le tenir à l’écart en affirmant que sa culture est incompatible avec la leur.
La xénophobie entraine un repli sur sa propre culture et provoque le rejet de tout ce qui est différent (religion, habitudes de vie, langue, etc.)

Hiérarchiser les populations humaines permet de justifier (faussement) qu’un groupe de personnes exerce un pouvoir sur un autre, l’exploite-lui ou ses ressources. Ce pouvoir peut prendre la forme de colonialisme ou d’esclavagisme par exemple.

Un racisme banalisé?

On se croit souvent moins raciste que nous le sommes et c’est sûrement pace que le racisme a infiltré notre vie quotidienne jusqu’à devenir invisible pour nous. Cependant il ne l’est pas pour les personnes qui le subissent. Pourtant, sans qu’on s’en rende compte, nous pouvons avoir des propos racistes en généralisant des comportements à l’ensemble d’un groupe qui partage la même couleur de peau, la même culture ou religion.

Voici quelques exemples de racisme banalisé :

 

-Des blagues (« Quelle est la différence entre un noir et … ?») ou des expressions populaires (travailler comme un nègre);

 

-Porter des déguisements qui représentent une culture qui n’est pas la nôtre de manière stéréotypée (se déguiser en autochtone avec des plumes et des mocassins ou se maquiller le visage en noir);

 

-Prendre pour acquis qu’être né au Québec veut dire avoir la peau blanche, ce qui fait qu’on est porté à demander à une personne d’où elle vient lorsqu’elle a la peau noire ou les yeux bridés par exemple.

préjugés

pourquoi faut-il parler de racisme?

Parce que le racisme repose sur des préjugés qui alimente les discriminations. Le racisme nourrit des rapports de domination qui avantagent des groupes privilégiés (les personnes non-racisées par exemple) et que ça favorise l’exclusion sociale et les inégalités.

Voici quatre domaines | exemples où l’on peut observer du racisme au Québec :

1. L’accès à l’emploi;
2. L’accès au logement;
3. Le profilage racial;
4. Les actes haineux ou les agressions.

1. L’accès à l’emploi

Voici des indicateurs qui permettent d’illustrer la discrimination à l’emploi vécue par les personnes racisées :

  • Le taux de chômage des personnes racisées immigrantes est presque le double de celui de l’ensemble de la population;
  • Lorsqu’il s’agit de personnes ayant un diplôme universitaire, l’écart s’agrandit : le taux de chômage des personnes immigrantes qui ont un baccalauréat est le triple de l’ensemble des personnes qui ont un baccalauréat;
  • Le taux de chômage des personnes racisées qui sont nées au Québec (comme les autochtones) est pratiquement le même que celui des personnes racisées immigrantes.

Ça ne semble donc pas être la langue, le lieu de diplomation ou la connaissance de la culture du pays qui est une barrière à l’emploi mais d’être une personne racisée. C’est ce qu’a montré en 2012 une étude réalisée par la Commission des droits de la personne et de la jeunesse démontre que les personnes en recherche d’emploi dans la région de Montréal ont 60% plus de chances d’être appelés pour une entrevue s’ils ont un nom de famille franco-québécois plutôt qu’un nom africain, arabe ou latino-américain ! Il semble qu’il en va de même pour les personnes autochtones selon une étude de l’IRIS : Racisme envers les autochtones.

2. L’accès au logement

Des propriétaires refusent de louer à une personne racisée; il n’est malheureusement pas rare qu’en entendant une personne parler avec un accent le logement convoité s’avère soudain non disponible. Selon le rapport annuel de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse, le tiers des plaintes reçues à ce sujet concernent des discriminations liées à l’origine ethnique ou à la couleur de peau. Bien entendu, la personne qui refuse le logement ne le dira pas ouvertement, ce qui rend les recours contre elle bien difficiles.

3. Le profilage racial

Le profilage racial désigne le comportement discriminatoire d’une autorité à l’égard d’un individu ou d’un groupe d’individus en fonction de son apparence physique, de son origine nationale ou religieuse, réelle ou perçue.

Un exemple de profilage racial est le contrôle d’identité abusif que subissent les jeunes personnes noires de Montréal. Selon un document produit par le Service de police de la Ville de Montréal lui-même, les jeunes noirs ont sept fois plus de chances d’être interpellés par la police que tous les autres jeunes, même si leurs taux de criminalité respectifs soint les mêmes. Plus d’un jeune noir sur trois, à Montréal, s’est déjà fait contrôler par la police.

Un reportage diffusé par l’émission Enquête à Radio-Canada en 2015 fait état d’une situation inadmissible d’abus commis envers les femmes autochtones de Val-d’Or par les forces policières. 

Ce reportage a amené le gouvernement à mener une commission d’enquête sur les relations entre les services publics et les autochtones : La Commission Viens.

Le profilage engendre un climat de méfiance, tant des personnes racisées envers les institutions que de la part de la population envers les personnes racisées. De plus, ces pratiques mènent souvent à des arrestations, à l’usage de la force, de la violence ou à l’incarcération. Dans certains cas plus rares, le profilage policier peut mener à l’homicide des personnes racisées.

Aussi, dans les 10 dernières années, la proportion de personnes racisées en prison a augmenté de manière inquiétante, alors que celle des hommes blancs a diminué. Le taux de criminalité est pourtant le même de part et d’autre. Les autochtones en viennent à représenter 25,4% des détenus fédéraux alors qu’ils ne constituent que 5% de la population. La proportion est encore plus inquiétante chez les femmes autochtones, qui constituent plus du tiers de la population féminine du système carcéral canadien (36%).

4. Les actes haineux | agressions

L’histoire contemporaine nous a montré que le racisme peut prendre la forme de ségrégation (apartheid en Afrique du sud, réserves autochtones au Canada, etc.) ou de génocide (Allemagne nazie, Rwanda, Serbie, etc.).

La violence peut également s’exprimer sous forme d’actes haineux et violents, plus ou moins organisés (homicides, voies de faits, vandalisme, etc.). Au cours des dernières années au Québec, plusieurs actes de ce type ont été posés. Notamment dans le contexte de la Charte de la laïcité, plusieurs femmes voilées ont été agressées physiquement par des personnes qui tentaient de leur retirer leur voile.

D’autres gestes haineux ont été posés envers les personnes racisées :

  • Agressions, viols et assassinats de femmes autochtones;
  • Saccage des matériaux de construction de la mosquée de Sept-Îles (2014);
  • Dépôt d’une tête de porc à l’entrée d’une mosquée à Québec (2016);
  • Vandalisme d’un centre communautaire juif à Dollard-des-Ormeaux (2016);
  • Fusillade à la mosquée de Québec faisant 6 morts et plusieurs blessés (2017);
  • Menaces à l’intégrité d’infirmières haïtiennes à St-Jérôme (2018).

Comment faire pour

Combattre le racisme

Le racisme se nourrit de préjugés et d’ignorance. Pour le combattre, l’éducation représente le premier pas à faire. Elle permet d’en comprendre les grands mécanismes et d’en repérer les principales manifestations et ce que vivent les personnes racisées. Cela permet ensuite de travailler à déconstruire les préjugés et faciliter un vivre ensemble plus harmonieux.

 

Quelques outils pour déconstruire les préjugés

 

Voici quelques exemples de ressources permettant de s’ouvrir à des réalités différentes de la nôtre et d’ainsi pouvoir déconstruire nos propres préjugés :

Le photoreportage itinérant « Québécois-es, musulman-es… et après ? ». Il contribue à une remise en cause des images stéréotypées à l’égard des personnes de religion musulmane au Québec. Il illustre la diversité de ses personnes et ouvre un espace de dialogue
– Le livre pour enfants de David A. Robertson. « When we were alone (Quand nous étions seuls) » aborde la délicate question des pensionnats autochtones.
– La brochure de la Ligue des droits et libertés « Le racisme systémique… parlons-en ! » vulgarise ce qu’est le racisme systémique, ses effets et comment le combattre.
– L’atelier d’éducation populaire « Les couvertures » met en scène le processus de colonisation à travers les relations entre autochtones et non autochtones, afin de sensibiliser aux impacts de la colonisation. Il est conçu par Kairos et est offert par certains Centres d’amitié autochtones.

Quelques outils pour déconstruire les préjugés

Pour combattre le racisme, on doit se solidariser avec les mouvements de personnes racisées en lutte. Cela peut prendre plusieurs formes : participer aux rassemblements et manifestations, suivre et publiciser des publications sur les médias sociaux, multiplier les invitations pour des ateliers d’éducation populaire autonome.

Voici quelques suggestions de groupes à appuyer :

– Votre Centre d’Amitié autochtone – dix centres à travers le Québec qui ont pour mission d’offrir un lieu de rencontre afin de satisfaire les besoins culturels matériels et sociaux des autochtones en milieu urbain. Ces centres servent également de lieu d’échange entre autochtones et non autochtones;
Idle no more – section québécoise du groupe Idle no more, mouvement qui vise à faire respecter la souveraineté autochtone et à protéger la terre et l’eau;
La librairie Racines – librairie et galerie d’art qui met en valeur la parole, l’art et l’histoire des gens de Montréal-Nord de même que l’héritage des personnes racisées au Québec et à travers le monde;
Wapikoni mobile – studio mobile permettant à des milliers de jeunes des Premières nations de réaliser des courts métrages illustrant ce qu’elles et ils vivent;
Solidarité sans frontières – réseau de mobilisation, d’activités d’éducation populaire et de travail de soutien visant à appuyer des individus et des familles qui font face au système injuste d’immigration et de détermination du statut de personnes réfugiées;
Tout le hood en parle – plateforme web qui diffuse les témoignages, les histoires et les cultures des personnes racisées au Québec;
Femmes autochtones du Québec (FAQ) – association appuyant les efforts des femmes autochtones dans l’amélioration de leurs conditions de vie par la promotion de la non-violence, de la justice, de l’égalité des droits et de la santé;
Le Centre des travailleurs et travailleuses immigrantes – collectif qui défend les droits des personnes immigrantes dans leurs lieux de travail et fait la promotion d’un mouvement pour la justice économique et sociale;

La Mosaïque Interculturelle : Groupe qui a comme mission d’accueillir les personnes immigrantes, en faciliter l’intégration et l’adaptation en Abitibi-Témiscamingue et promouvoir l’interculturalisme ainsi que le mieux vivre-ensemble, par l’offre de services d’accompagnement dans les démarches d’intégration et par l’offre d’activités de réseautage, de sensibilisation et d’information.

Voici également quelques lectures et ressources sur le racisme :

– Dans le dossier sur le racisme et l’exclusion sociale de la Ligue des droits et libertés, vous trouverez une foule de lectures intéressantes pour vous renseigner davantage;
– La Revue de la Ligue des droits et libertés sur le racisme est entièrement consacrée à ce thème également;
– Finalement, voici une liste de ressources sur le racisme, proposée par la Ligue des droits et libertés.

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